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Lo viatge de Joana - Saison 2 / Épisode 9
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Alranq, Perrine. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète
François, Isabelle. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Texte de l'épisode : 

Les enfants ont couru partout, les jeunes ont chanté, les vieux ont raconté des histoires, les joueurs de Hautbois languedociens ont fait danser et puis tout le monde a sauté le feu. Il faut faire attention avec les enfants qui quelques fois se rencontrent au milieu du feu, tombent et se brûlent les pieds si pas plus !

À un moment ils m’ont demandé de chanter une chanson qu’on avait apprise avec Claire à la Chorale occitane : À la Saint Jean d’été.

À la Saint Jean d’été la nuit est si petite (bis)
Si petite est la nuit que l’ombre mensongère
Ombre sous la terre ombre sous le feu.
Et tournent tournent les sorcières autour du cyprès
et cric cric dit le grillon et chocho la chouette...


Angèle assise à côté de moi a commencé à raconter « La sorcière de Narbonne ». Mathilde se régalait. Je n’avais jamais fêté la Saint Jean, c’est tellement beau ! L’année prochaine je viendrai avec le petit !

Tout le village était enchanté de la voir et surtout son ventre :

- Eh bien Jeanne ta filleule est revenue mais pas toute seule, comme disait ma grand-mère « elle a un polichinelle dans le tiroir ! »

- Mais toujours jolie et gentille ! Est-ce qu’elle a un métier de l’autre côté ?

- Il faut lui demander : moi je ne sais pas tout !

Mathilde se lève et va discuter avec un jeune homme que je ne connais pas. Elle me le présente :

- Jeanne, c’est Jacques l’ami avec qui je suis arrivée dans ce village l’année dernière. Je t’avais raconté l’histoire ! Nous avons étudié ensemble la diététique.

- Ah ! maintenant je me souviens. Bonjour Monsieur ! C’est bien de vous retrouver ! Vous êtes toujours à l’université ?

- Et oui, je n’ai pas encore fini, mais tout va bien. Dans un an j’ai un travail qui m’attend chez mon père qui a un restaurant à Montpellier. Je ferai un menu spécial pour les diabétiques et les végétariens.

Il est minuit quand j’arrive à la maison. Mathilde est restée avec son ami. Encore une fois je me sens à côté de la vie. Elle m’aime cette petite mais elle pense qu’il n’y a qu’une chose importante pour moi : son bonheur ! Elle pense que c’est une chance pour moi de l’avoir trouvée pour remplir le vide d’un avenir sens autre but que la mort. C’est comme ça que les jeunes voient les vieux. Je suis triste, déçue : j’avais tant attendu ce moment après la fête pour parler de la suite.
Assise sur le terrasse je me dis qu’encore une fois je me suis trompée, l’adoption n’est pas une bonne idée. C’est à elle de trouver son chemin toute seule. Et moi de trouver le mien : j’ai cru me faire aimer pour ma générosité. Pour gagner l’amour de Mathilde, la fille que je n’avais pas eu, je lui aurais tout donné. Et ce jour de la Saint Jean tout s’arrête. Aimer l’autre ce n’est pas se faire manger par lui. Ouf ! C’est l’heure de faire une bise à Rémy et d’aller dormir un peu.

- Alors madame comment va votre fille avec son ventre rond ?

- Je suis en train de me réveiller. Le rêve est tombé au fond du puits. Mathilde ne sera jamais ma fille et je ne suis pas sa mère.

- Jeanne enfin raisonnable ! Ça me fait très plaisir et tout cet amour nous le garderons pour notre avenir. N’oublie pas de venir me chercher à Fréjorgues dans une semaine.

- Dons tu seras là le 1er juillet ! Bravo ! Il me faut acheter un lit pour deux : le mien ne fait que 90 centimètres, il n’est pas pour deux.

- Je te laisse choisir. l’important c’est d’être un près de l’autre. Bises !

- Bises !

J’entends Mathilde rentrer à deux heures du matin.

Nous nous retrouvons pour le café à 10 heures.

- Je pense qu’il te faudrait aller voir le docteur du village. C’est pour quand l’accouchement ?

- Le 15 juillet si tout se passe bien. Je voudrais accoucher à la maison, je ne veux pas aller à l’hôpital.

- Je ne sais pas si c’est possible. S’il y a un problème ça peut être dangereux, on ne sait jamais… En plus je ne suis pas ta mère ni quelqu’un de ta famille. Donc j’aimerais que ce ne soit pas dans ma maison.

- Comme tu voudras. Je suis heureuse d’avoir retrouvé Jacques. Nous avons décidé de sortir ensemble ce soir.

- C’est bien pour toi, il a l’air gentil ce garçon.

- Il est toujours amoureux de moi, il ne m’a pas oubliée. C’est une bonne chose d’avoir dans le village une mère et un homme !

- La semaine prochaine Rémy arrive et nous voulons être un peu tranquilles tous les deux. Nous allons aller visiter la maison de l’Oncle Vincent et ce sera une bonne maison pour vivre avec ton petit et ton ami si tu veux. Chacune fera sa vie de son côté et je pense que c’est mieux. Puis nous irons à la ville acheter tout ce qu’il faut pour le petit. Ça te va ?

- Merci beaucoup Jeanne. Je ne trouverai jamais les mots pour te remercier. Allons voir la maison !

Évidemment la maison de l’Oncle Vincent a besoin d’être nettoyée et la cuisine ressemble à celle de ma grand-mère. Mais il y a tout ce qu’il faut pour vivre. Il faut acheter des draps, des éponges. Il faudra laver les rideaux, et le linge de cuisine et de toutes façons toute la maison. La voiture au retour de Béziers est plus que pleine. Pour le lit ils l'apporteront dans la semaine. Jacques est venu aider et les deux oiseaux ont l’air très heureux. Maintenant c’est leur maison.
Je ne comprends pas tout mais je pense à la chanson de Carmen : « L’amour est un oiseau rebelle que nul ne peut apprivoiser… ». Mais peuchère, il y en a un ou une dans le ventre de Mathilde qui n’a rien demandé...

La mère de Jacques est venue aussi pour visiter et tout le monde est invité Vendredi pour l’apéritif. Après Mathilde veut rester dans la maison.

- Et Jacques ? Je sais, ce n’est pas mon affaire.

- Jacques va vivre avec moi comme ça tu seras plus tranquille. Il m’emmènera à l’hôpital.

Encore une fois je me sens mise sur le côté mais je serai libre de vivre comme je veux avec Rémy. Et le Vendredi nous sommes tous sous la treille de la maison de Mathilde et Jacques sert le pastis et le vin blanc. La mère et le père de Jacques, les Martino, sont contents et pour finir moi aussi.

Maintenant je vais aller nettoyer ma maison pour mon Rémy. Je retourne seule à la maison et je ne sais plus où j’en suis. De toutes façons pour lui donner la maison il faudra l’adopter, il n’y aura pas d’autre possibilité. Mais comme peut-être elle va se marier avec Jacques elle ne s’appellera jamais Mathilde Belcaire. Mais il y a encore les vignes de Vincent et la maison et les terres de René. On verra tout ça avec Rémy, je suis fatiguée.
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Lo viatge de Joana - Saison 2 / Épisode 8
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Alranq, Perrine. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète
Duplan, Josette. Interprète
Texte de l'épisode : 

Encore une fois tout semblait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles comme disait le grand Voltaire que peuchère je n’ai jamais lu son oeuvre.
Peut-être un jour quand je serai retraitée, c’est ce qu’ils disent tous : le jour où...

Quelqu’un frappe à la porte, Maître Bardot :

- Bonjour Jeanne. René n’avait pas de famille et comme vous êtes l’héritière de son bien tout le monde pense que c’est à vous de prendre en charge l’enterrement. Je sais que ce n’est pas simple : il était catholique et cette religion n’aime pas trop les suicidés !

- Je ne pense pas que René était tellement religieux! Je vais aller voir le curé de la paroisse. Il y a certainement dans la tombe de sa femme Rosette une place pour lui.

- Et non ! C’est à la mairie que vous devez aller.

- Je ferai tout ce qu’il faut pour qu’il ait un bon voyage de l’autre côté. Nous n’irons pas au funérarium comme pour l’Oncle Vincent. Et le verre de l’amitié se fera dans son jardin.

- Votre jardin maintenant !

- Par pour longtemps vous pouvez me croire !

- À bientôt Jeanne !

Je n’ai qu’une envie : aller au lit et me réveiller après l’enterrement ! Sûr que je n’ai pas pu le faire pour moi mais je vais le faire pour vous ! Et maintenant que tout est fini comme dans la chanson je peux vous l’assurer : tout s’est bien passé et René et sa femme « requiescant in pace » dans le cimetière communal.

Aujourd’hui c’est samedi et Mathilde arrive lundi 24 Juin à Fréjorgues. Pour le moment elle restera avec moi à la maison jusqu’à l’accouchement. Je n’ai rien dit à personne dans le village. Ce sera la surprise pour tout le monde, surtout le ventre. Heureusement que son homme n’est pas venu avec elle. Mais un jour il faudra bien et alors ce sera le scandale au village.
Bon et demain comment allons-nous nous retrouver ? Pour moi la rancune s’il y en a eu n’existe plus. Tant de choses ont changé dans ma vie depuis le mois d’octobre ! Peut-être que je suis une autre femme : plus jeune ou peut-être plus vieille...

Ce matin je suis allée à Béziers et j’ai acheté des rideaux pour la chambre de Mathilde : avec des fleurs jaunes et rouges et des oiseaux verts et bleus, le printemps et l’été sont entrés ensembles plein de joie dans la maison pour la Saint Jean ! Avec la machine ça a été vite fait : Hôtel 4 étoiles ! Et maintenant j’essaie de me souvenir ce qu'elle aimait le plus manger : la friture de poissons à la catalane, les côtelettes d’agneau, les haricots, la salade verte, le fromage de chèvre... Ça suffit pour commencer : il y aura tout dans le frigo. Cuire sera vite fait.

Maintenant c’est dimanche. Angèle la voisine amoureuse de René est venue me voir pour s’excuser de ce qu’elle m’avait dit.

- Ô Madame Jeanne je sais bien que vous ne l’avez pas tué et de toutes façons je me souviens de ce qu’il vous a fait dans votre jeunesse quand il a fait un enfant à la Rosette. C’est de sa faute si vous êtes restée vieille fille ! Mais vous comprenez maintenant qu’il n’est plus là je suis toute seule ! Ça me fait pleurer. Je lui ai apporté son dîner tous les jours depuis la mort de Rosette. Chaque fois je lui demandais ce qui lui plairait. Je connais les hommes, je suis restée quarante ans avec mon Edmond. Évidemment vous ne pouvez pas savoir parce que vous avez été seule toute votre vie. Ce n’est pas simple pour un homme d’être veuf et c’est pour ça que les femmes vivent plus longtemps que les hommes. Maintenant ma vie est une friche : plus de René pour discuter du village et des gens !

Je l’ai prise dans mes bras cette petite femme bravette avec son chignon cendré et je l’ai embrassée.

- Vous pouvez venir me voir quand vous voulez, ça me fera plaisir Angèle !

- Eh bé vous êtes bien brave ! Je n’aurais jamais cru qu’un jour ce serait possible de discuter avec vous comme avec une amie ! Je n’oublierai pas de venir Jeanne, avec plaisir !

Demain je dois être à dix heures du matin à Fréjorgues. Le bonheur s’infiltre partout dans mes veines. L’histoire recommence au début : demain nous serons toutes les deux sur la terrasse comme l’année dernière à la même date. Le retour de l’enfant prodigue !
Au lit Madame que demain tout va changer !

Maintenant je suis assise devant la sortie « arrivée » de l’aéroport. Évidemment comme tous ceux qui vivent à la campagne, les paysans, je suis arrivée une heure avant l’heure. Il faut bouger un peu Jeanne, aller boire un café et lire un journal.
Ça me plaît de regarder les voyageurs qui s’en vont on ne sait pas où, peut-être de l’autre côté de la terre. J’ai commencé à lire un article sur les vignes du Languedoc et ils disent que le vin est de mieux en mieux et qu’il y a beaucoup d’américains qui achètent des vignobles dans le pays.

- Jeanne ! Je suis là ! Viens m’aider, les valises sont lourdes !

- Mathilde ! Ma fille ! Si jolie !

Je la prends dans mes bras mais avec le ventre c’est pas simple. Nous nous embrassons sans arrêt tout en criant comme deux enfants :

- Est-ce que je peux t’appeler « maman » ?

- Pourquoi pas ? Ça me ferait plus tôt plaisir à mon âge ! Oh ! Tu as changé la couleur de tes cheveux et tu n’as pas grossi. Sans le ventre tu dois être maigre !

- Et tu as changé de look aussi : tu es plus comme une dame de la ville. Plus de cheveux gris, des jeans de jeune fille, une chemise pleine de couleurs. Mais je t’ai reconnue Madame Jeanne !

- Et moi aussi Mademoiselle Mathilde ! Tu es toujours belle ! Rentrons à la maison !

Nous sommes dans la voiture. Mathilde est tellement heureuse de voir le paysage. Ça a été la même chose pour moi quand je suis revenue il y a deux semaines. Tout semble petit ici mais avec un grand choix de couleurs et on peut voir la campagne et surtout les vignes de chaque côté de la route. Dans l’autre pays il n’y a que des autoroutes avec des arbres gigantesques et gris de chaque côté qui cachent le paysage. Mathilde est heureuse des couleurs de sa chambre et elle n’arrête pas de dire : cool ! so cool !

J’ai préparé le dîner sur la terrasse : la friture de poissons avec l’aïoli. Quand Mathilde revient elle s’est changée : une chemise longue, légère et claire que je n’avais jamais vue.

- Où as-tu trouvé cette robe ?

- C’est Fred qui me l’a achetée quand il est allé voir sa mère pour Noël à Montego Bay.

- C’est où ?

- Une ville de son pays la Jamaïque.

- Tu as une photo de Fred ?

- Non. Mais je pense que je ne veux plus le voir. À chacun sa route !

- Je croyais que c’était le père de ton enfant ?

- L’un n’empêche pas l’autre ! Mais si je suis revenue ici c’est que l’histoire était finie ! Cette vie ne me plaisait plus. Sûr que c’est un bel homme, intelligent et tout et tout. Mais le monde de la musique quand on n’est pas musicien ce n’est pas pour moi. Dans la vie je ne veux pas être derrière et je veux décider quel chemin suivre.

- Et ton enfant n’aura pas de père !

- Il aura la couleur de sa peau et quand il sera grand s’il veut il pourra aller rendre visite à son père à New York ou à Montego Bay. Et peut-être que je trouverai un autre père pour lui, qui sait ? Et Rémy ?

- Il sera ici la semaine prochaine. Il est retraité et si tout se passe bien nous allons vivre ensemble ici et ailleurs...

- Est-ce que j’aurais la chance de rester ici quand vous serez ailleurs ?

- Pour le moment c’est la fête de la Saint Jean et une fête que je n’ai jamais vue : le Total Festum. Tu vas aller te reposer et on ira danser.

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Lo viatge de Joana - Saison 2 / Épisode 7
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Huang, Edda. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Capron, Michel. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
François, Isabelle. Interprète
Texte de l'épisode : 

La doctoresse me fait un sourire plein de bonté, cela fait des années qu’elle a suivi tout mon chemin de femme et surtout la ménopause ce changement dans la vie des femmes qui est la plus grande injustice (il y en a qui disent que pour les hommes il y a l’andropause mais personne n’en parle jamais) :

- Ma chère Jeanne quel plaisir de vous voir. Mais il vous  faut faire attention les vingt ans sont passés et il ne faut pas trop remplir la coupe car le corps ne peut pas suivre.

- Qu’est-ce qui s’est passé ?

- Eh bien : vous étiez chez le notaire et une lettre du regretté René vous a effrayée et votre corps a crié : assez ! et vous êtes partie dormir un peu de l’autre côté. Mais tout va bien vous êtes revenue dans la vraie vie.

- Ah je me souviens ! Le René ne veut pas me laisser vivre en paix, la jalousie n’a pas de frontière.

- Vous allez prendre un peu d’herbe de la Saint Jean - le millepertuis car c’est la saison. Et n’oubliez pas de manger des protéines et de boire un verre de vin à chaque repas.

- Ne vous inquiétez pas, ça je sais le faire.

- Et s’il y a un problème appelez-moi, ce sera un plaisir pour moi de vous aider à reprendre tranquillement votre place dans le village. N’ayez pas peur : personne n’est allé crier dans les rues que vous aviez tué le pauvre René ! Cela faisait longtemps qu’il n’avait plus envie de traîner son malheur sur cette terre. A bientôt !

Trois heures après le déjeuner : il est temps de sortir du lit, de prendre une douche et de changer de robe… Dans l’entrée de la maison un petit papier sous la porte : « Si vous avez besoin d’aide je suis là ! Josette Soulages, votre voisine. » Je ne veux pas être une femme toute cassée, mais de toute façon elle est bien gentille cette voisine. Elle n’était pas là l’année dernière et la maison était à vendre : elle est peut-être venue pour la retraite. Je ne sais pas si elle est mariée…
Qu’est-ce que je vais faire avec la maison et les terres de René ? Peut-être que ce serait bon pour des logements sociaux parce que si je me souviens bien elle est très grande la maison de René. On pourrait faire 4 F2. Et pour les vignes j’ai une idée : on pourrait faire des jardins ouvriers pour ceux qui n’ont pas de terre. Ce serait très intéressant pour le village.

Je vais à la mairie peut-être que je trouverai le maire. Justement il est là :

- Bonjour Monsieur Bonelli, comment allez-vous ?

- Bonjour Mademoiselle Belcaire, quel plaisir de vous voir ! Heureuse d’être rentrée au pays ? Quel est le problème ?

- Voilà : René Delrieu m’a laissé sa maison et ses vignes.

- Très intéressant !

- Mais je n’en ai pas besoin. Je voudrais faire quelque chose pour le village. Je peux vendre la maison pour un euro symbolique à la mairie. Je pense qu’avec cette maison ce serait possible de faire des logements sociaux pour ceux qui en ont besoin. Qu’en pensez-vous ?

- C’est très généreux mais le problème c’est qu’au conseil municipal les élus ont peur que dans les logements sociaux, comme ils sont pour les pauvres, il n’y ait que de la « racaille ». Nous sommes une petite commune et la loi nous laisse libres pour ce qui est des logements sociaux. Nous n’avons pas d’obligation.

- Et moi qui croyais que les élus étaient généreux surtout avec les gens qui n’ont pas assez pour vivre.

- Mais ils ont peur qu’il y ait des étrangers venus d’on ne sait où pour s’installer ici. Vous avez vu les dernières élections ! Vous pourriez faire un « bed and breakfast » pour les touristes, ce serait bon pour le village et vous pourriez avoir des aides pour le faire.

- On verra. Pour les terres - il y a 10 hectares - peut-être que ce serait bien de faire un espace pour les jardins. Chacun pourrait avoir gratuitement un jardin et la commune donnerait l’eau.

- C’est une bonne idée. J’en parlerai au prochain conseil municipal. Mais peut-être que ceux qui vendent des légumes sur le marché ne seront pas contents. Evidemment tout cela est très généreux pour la commune mais les intérêts de chacun et les intérêts collectifs sont deux choses différentes.

- Merci Monsieur le maire. Appelez-moi quand vous aurez décidé sinon je vendrai tout et c’est sûr qu’il y aura des étrangers pour acheter les terres et la maison. A bientôt !

- Au revoir !

Et crac ! Un rêve de plus écrasé ! Tout d’un coup je me souviens de ce que me disait un ami : il y a des jeunes paysans qui ont fait des études et qui ne trouvent pas de terres pour travailler. Les retraités qui n’ont que de petites pensions aiment mieux vendre : c’est plus intéressant pour l’argent ! Sûr que faire un petit fermage pour un jeune serait une bonne chose.  Il y a une association : « paysans d’ici et d’ailleurs ». Il me faut rencontrer l’association et tout ira tout seul. Ouf !

C’est l’heure d’appeler Rémy pour savoir comment ça s’est passé avec Mathilde.

- Allo, Rémy ?

- Comment vas-tu ma belle ? J’ai envoyé le billet à Mathilde. Elle sera dans ton pays lundi prochain.

- Tout va bien, le jour de la Saint Jean : on ira danser autour du feu.

- Attention de ne pas faire tomber le petit ou la petite on ne sait pas encore !

- Et toi Rémy tu arrives quand ? J’ai tellement  besoin de te voir, d’être dans tes bras !

- Ça me fait plaisir, c’est la même chose pour moi ! Vilaine fille ! Quand tu es partie d’ici je pensais que peut-être c’était pour toujours et que j’avais perdu le soleil de ma vie !

- Arrête de raconter des bêtises ! Bon ! Ici j’ai eu des problèmes dans le village mais je pense que bientôt tout ira bien. Je ne peux rien te dire maintenant c’est trop compliqué. Ne te fais pas de souci je reviendrai avec toi à Baltimore pour t’aider avec ta maison.

- Tout va bien. Si c’est possible nous viendrons ici après les vendanges et repartirons pour le vin nouveau !

- Est-ce que tu as rencontré Mathilde et son homme ?

- Pas encore ! Ça ne semble pas possible de ne pas rester avec elle pour l’arrivée de l’enfant ! Je ne comprends pas ce qui se passe, on verra bien !

- À la prochaine et n’oublie pas de m’appeler demain !

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 7
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Hommeau, Jean-François. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète

Texte de l'épisode 7 : 

Et maintenant nous étions dans l'avion. Dessous il y avait les champs, les villages et aussi les villes et autour de l’avion d'Airbus Industrie A319, les nuages blancs qui s'étiraient comme des tableaux de Michel-Ange : c'était la première fois que j'étais dans le ciel ! Mon coeur battait la chamade ! Mathilde semblait être aux anges et, du hublot, elle regardait la terre s'éloigner. Quel plaisir d'être avec cette petite, ce n’était peut-être qu’un rêve ! Tout le bonheur de la terre m'était tombé dessus et je n'avais rien demandé : j'avais l'amour d'une fille jolie et sans attaches et l'argent du tonton mort. Le malheur des autres faisait mon bonheur !

Dans l'avion il y avait un tas de retraités : ils étaient tous ensemble, les uns derrière les autres à l'entrée de la classe « économique ». Ils parlaient très fort et faisaient du bruit : ils riaient, chantaient « C'est un fameux trois mats fin comme un oiseau, hisse et ho Santiago » !

C'était un voyage organisé : « L'automne en Floride, Miami Beach en bordure de mer ».

Nos sièges étaient sur le côté droit, au milieu après les ailes. Deux sièges derrière il y avait un couple : le type très grand et maigre comme un «estockefish», 45 ans, les cheveux teints en blond, une bouche fine qui semblait aller d'une oreille à l'autre. La femme, grande aussi, les cheveux rouges, bien en chair et tout sourire. Sur le siège de l'autre côté de l'allée, était assis un homme de trente ans, mal habillé, les cheveux sales, le menton mal rasé, la bouche amère. Ils parlaient tous avec un accent très pointu. Leurs voix étaient d'un autre monde : j'avais l'impression d'entendre un film policier. Dans ma tête, tournait la chansonnette de l'école de mon village : « parisien, tête de chien, parigot, tête de veau » !

Les hôtesses nous servirent le dîner et pour commencer, l'apéritif. Pour fêter ce grand jour de départ, nous avons bu du champagne. Puis, nous avons mangé, ça n'était pas mauvais pour une « classe économique ». Les parisiens, eux, n'arrêtaient pas d'appeler l'hôtesse pour demander du whisky. Après le café j'ai commencé à dormir, un petit somme était bienvenu car nous étions levées depuis l’aube. Les retraités continuaient à parler et à rire.

Tout à coup le type crasseux commença à crier :

« Eh les vieux fermez-là, moi je suis Bécon les Bruyères et j'ai la haine. Tas de vieux clous ! »

Un grand silence tomba et tout le monde se retourna pour voir qui criait :

« J'veux m'saoûler – à boire l'hôtesse ! - tournez-vous les vieux, j'veux pus voir vos faces de clowns sinon j'réponds plus de rien. »

Le grand blond commençait à éclater de rire en criant :

« Va-z y Bécon les Bruyères, fais leur voir qui tu es ! »

L'autre se redressa et continua :

« Vous avez peur vieux bouts ? Nous on est jeune ! On fait l'amour et vous vous n'avez plus qu'à faire le mort ! A boire ! Et plus vite que ça ! » 

« Wisky à gogo sur l'Atlantique ! À nos femelles qui nous attendent à Philadelphie ! »

Les gens (les vieux et les autres) se cachaient dans les sièges. La pauvre hôtesse ne savait plus que faire, et quand la pauvre femme passa dans l'allée, le type lui donna une grande tape sur le cul !

« Olé ! L'Amérique est à nous ! »

Quand quelque chose comme ça arrive en bas, sur la terre, ce n'est pas agréable mais enfin on peut toujours se dire qu'on peut arrêter la machine, ouvrir la porte et sortir. Mais tout en haut, dans le ciel au-dessus de la mer, que faire ?

Mathilde me prit la main :

« Jeanne, ils sont idiots et ivres ! Tu n'as pas peur ? »

Maintenant les types dansaient en chantant et en criant :

« R'gardez les vieux, nous on danse et on chante ! Eh! La femme ! Viens avec nous ! »

Mais la femme rousse ne voulait pas se lever pour danser.

« A boire ! A boire ! »

Mais les hôtesses ne venaient plus. Et tout à coup le capitaine de l'avion est arrivé avec son habit bleu et doré et son chapeau. Il n'était pas seul : de l'autre côté il y avait un autre homme, un stewart.

« Asseyez-vous Messieurs. Nous ne sommes pas dans un dancing et nous vous prions de rester tranquilles. »

« Eh capitaine ! On a payé ! On fait c'qu'on veut non ? » 

« Si vous voulez repartir à Paris par le prochain avion, libre à vous... »

« Eh ! Tu vas pas nous faire peur avec ton uniforme ?! »

« Vous voulez être attachés à votre fauteuil pour la fin du voyage ? »

Le capitaine sortit les menottes de sa poche et tout changea.

« Capitaine, vous avez gagné, on s'tait ! »

« Les hôtesses ne vous donneront plus à boire et nous vous retrouverons à Philadelphie. Outrages à passagers... »

Tout d'un coup le silence fut roi avec le bourdonnement de l'avion. La peur de la police avait fait son effet. La vie continua dans la « classe économique », mais les retraités étaient moins bruyants. Les deux parisiens se turent sans dire un mot de plus et commencèrent à ronfler, bouche ouverte : le whisky faisait son travail ! Il y avait encore 5 heures avant l’atterrissage. Mathilde, fatiguée, dormait comme une enfant. Je choisis de regarder un film : Harry Potter à l'école des sorciers, en français. Ça me plut beaucoup. Puis je suis restée les yeux ouverts rêveuse : peut-être que j'étais idiote d'essayer de revoir Rémi après 35 ans ! Mais de toute manière c'était une bonne occasion pour voyager avec ma petite Mathilde. On verrait bien, le déluge ne me faisait pas peur.

L'avion commença sa descente pour l'atterrissage : et les fromages de chèvre de ma soeur que j'avais cachés dans un tupperware, est-ce qu'ils les trouveraient dans la valise à la douane ?

Voir l'épisode 8

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 6
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Alranq, Perrine. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète
Huang, Edda. Interprète
Zinner, Lucas. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète

Texte de l'épisode 6 : 

Le lendemain c’était le jour de l'automne. Les vendanges étaient terminées. J'allais voir le notaire. Je lui dis que je voulais vendre les vignes qui n'étaient pas louées quand je reviendrai. Si quelqu'un cherchait... Il me dit :

« Avec la crise les seules terres qui se vendent sont celles où l'on peut construire des maisons pour les retraités et les touristes. Mais on ne sait jamais : un riche américain pour faire un vin spécial... »

Pour le moment, l'argent de l'oncle suffirait pour faire la fête avec Mathilde : il y en avait assez. Je ne voulais le dire à personne, mais, sur le papier personne n’entendra : 500 000 euros !

De toute manière il me fallait écrire un mail à Rémy à Baltimore avant d'acheter les billets d'avion. Heureusement, Mathilde – qui était très heureuse de partir avec moi – parlait anglais et fut d'une grande aide : Rémy était professeur à UMBC- University of Maryland Baltimore County Campus. Sa maison était à Catonsville dans le comté, pas dans la ville de Baltimore. Enfin, nous avons trouvé son numéro de téléphone.

J'avais honte, mais il me fallait l'appeler : il n'y avait pas d'autre choix pour partir. Je ne l'avais pas vu depuis 10 ans. La dernière fois il était venu pour l'enterrement de sa mère (encore, ça ne finira donc jamais ! Mais cette fois là c'était dans le cimetière, l'enterrement, pas dans le Vire, les pieds dans l'eau avec l'urne !). Et l'heure pour appeler ? Comment savoir quand il travaillait ? Avec le décalage horaire ce n'était pas facile : six heures de moins.

« Je pense que le mieux c'est de l'appeler le matin : j'ai vu sur la carte que l'université est proche de sa maison qui est sur Hill View numéro 875. »

« C'est à la campagne ? »

« Non mais ça doit être une maison avec un jardin comme on peut en voir à la TV. »

« Il nous faudra louer une voiture, autrement nous serons bloquées loin de la ville ! Je veux voir du monde ! »

« Donc nous appellerons à deux heures de l’après midi : il sera huit heures du matin pour lui ».

Avant d'aller nous coucher nous avons fait un tour sur les sites de « voyages économiques ».

Pour Baltimore, ça n'était pas simple et très long :

Montpellier/Paris puis Paris/Philadelphie et, pour terminer Philadelphie/Baltimore. Et en plus ça coûtait 1700 euros, c'était le moins cher.

Nous avions la nuit pour réfléchir. C'était la première fois de ma vie depuis que j'avais quitté la maison de ma mère que je pouvais dire « bonne nuit » à quelqu'un dans ma maison en ayant des projets de vie avec cette personne. Peut-être que Mathilde, jolie comme elle l'était, trouverait bientôt un homme et me laisserait tomber comme un vieux crouton : mais aujourd'hui c'était la vie « d'ici et maintenant » comme ils disent les intellos, qui m'intéressait.

Le lendemain matin nous avons parlé des papiers : les passeports. Nous avons appelé la préfecture : pour moi tout allait bien. Mathilde, elle, avait un passeport biométrique tout neuf : j'étais très surprise que cette petite ait ça.

« Le jour de ma majorité j'ai voulu être libre de me laisser l'occasion de partir quand ça serait possible et de laisser ce vieux monde. »

« Mais tu sais Mathilde que ce n'est qu’un voyage de trois mois que nous allons faire. Puis nous reviendrons. »

« On verra bien : je pense que tout est possible à mon âge ! J'ai toute la vie devant moi et je veux la déguster . »

Bon : je n'avais rien à dire.

C’était deux heures : « Allo Rémy. C'est Jeanne. Jeanne Belcaire ! »

« Ah ! Jeanne, ça fait plaisir d'entendre ta voix et surtout ton accent. Et la langue occitane, ici ce n'est pas simple de trouver quelqu'un pour la parler. Quel bon vent ?... »

« Rémy, je voudrais venir te voir à Baltimore. Je suis retraitée et j'ai envie de voyager. Et j'aimerais beaucoup te revoir. Tu es un ami pour moi depuis toujours. »

« Jeanne, ça me ferait plaisir aussi. Mais je travaille et tu seras seule à la maison. Tu t'ennuieras toute la journée et en plus tu ne parle pas la langue d'ici. »

« Rémy : je ne suis pas seule ! »

« Comment ? Tu as un homme ? Enfin ?! Et moi qui croyais... »

« Non : ma filleule est venue vivre avec moi ! »

« Quelle filleule ? Je ne la connais pas ! »

« C'est la fille d'une amie de collège, Lucienne. Sa mère est morte et aujourd'hui elle est venue vivre avec moi. »

« Et elle ne travaille pas ? »

« Elle voudrait apprendre la diététique. Elle commencera l'an prochain »

« Bon ! Etrange ! Tout ceci me fait plaisir. Je vous attends : prenez les billets et je viendrai vous chercher à l'aéroport BWI Baltimore. J'attends les horaires. Je te fais la bise : à bientôt ! » « Je te fais aussi la bise et je t'appellerai vite ! »

Mathilde dansait sur la terrasse tellement heureuse ! Puis, elle vint me faire un bisou. Et nous avons valsé toutes les deux en chantant « la mazurka sous les pins »

« Comment connais-tu cette chanson ? »

« Une institutrice nous a appris quelques mots d'occitan et des chansons aussi ! »

Une heure après nous avions pris les billets électroniques : le premier octobre nous serions à Catonsville Maryland.

Voir l'épisode 7

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Lo viatge de Joana - Saison 1 / Épisode 1
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Gaspa, Marie. Interprète
Capron, Michel. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète

Texte de l'épisode 1 : 

Je ne veux pas pleurer : aujourd'hui l'oncle Vincent s'en est allé. Ça toujours été un type un peu maladroit mais qui n'oubliait jamais le sourire et la convivialité avec ceux qu'il aimait : pour sûr, ce n'était pas un troubadour. Mais je vais vous le dire, des poètes, il n'y en a guère au village : Ah ! Si ! Le père Bertrand , au Café du Printemps, quand il a englouti trois ou quatre pastis, il se souvient du temps où sa grand-mère chantait et lui racontait des histoires : alors le ciel change de couleur et ses yeux s'emplissent de larmes qui coulent sur sa peau cuite au soleil, rouge de tous les coups bus entre kes souches de sa vigne.

Je me présente : je suis Jeanne Belcaire, la vieille fille du quartier, soixante ans, grande pour une femme du midi (1m67) ni maigre ni grosse, les yeux bleus trop gros pour être jolis, le menton pointu, les cheveux blonds pour cacher la blancheur de l'âge, la bouche grande et fine, la peau blanche et rouge. Certians disent que dans ma jeunesse j'étais une belle plante : mais personne ne me plaisait. Et quand je me promène dans les rues, ça me fait plaisir de revoir les vieux amours de ma jeunesse.

 

 

Il y a des jours où je vois encore s'éclairer la flamme de "l'amour de loin" dans leur : "Bonjour Jeanne, comment vas-tu ? Toujours raide et l'échine droite comme une jeunesse !". ce matin, la chanson a changé quand je rencontre dans la Rue Haute René - qui était si beaux et un de ceux que j'aimais tant dans mes vingt ans. Mais sans rien me dire il avait fait un enfant à la Rosette et avait été forcé de se marier avec elle. Aujourd'hui il est à la retraite : il était employé de Mairie.

- "Eh bien, ton oncle nous a laissé, il est parti boire un coup auprès du Bon Dieu. Hélàs, Vincent n'était pas un grand homme mais c'était un homme qui avait toujours travaillé et sué pour épargner. Qui sont les héritiers ? Il n'avait pas d'enfants et tu es sa plus proche parente. Tu vas devenir un parti intéressant : peut-être que tu trouveras enfin un mari. Ce ne sera pas trop tôt !

C'est vrai que l'oncle Vincent m'a laissé tout ce qu'il avait : c'est à dire une maison, ses vignes -20 hectares- et son compte en banque. Mais il faudra attendre un peu avant de savoir combien j'aurai d'argent. Je commence à rêver : dans mon souvenir, il y a un homme, Rémy que je n'ai jamais pu oublier : tous les mois de Janvier pour le jour de l'an il m'envoie une lettre de Baltimore dans le Maryland, aux États-Unis. Il était marié avec une américaine qui est morte aujourd'hui. Il était professeur de langue romane à l'université et comme dans ce pays ils travaillent tard, il doit toujours enseigner. Il est temps de vivre maintenant, temps de voyager : j'ai été empoyée de La Poste toute ma vie, je n'ai jamais eu d'enfants. La raison raisonnable et mes chats que je n'ai jamais voulu abandonner m'ont empêchée de vivre à fond. Je veux un lifting, des vêtements à la mode, il me faudra apprendre un peu d'anglais (je ne pense pas qu'il soit possible d'apprendre l'amerloque) et je partirai rejoindre l'amour de ma vie dans le pays d'Obama : l'aventure est à ma porte, ne me reste plus qu'à l'ouvrir pour la faire entrer : un, deux, trois... 

Je vais boire un petit verre de Tuilet que j'ai acheté à Estagel et que j'aime tant : il est doux, ce vin, quand il coule dans la gorge. Maintenant je suis dans le fauteuil que m'a laissé ma grand-mère, les pieds sur une chaise, je veux me noyer dans mes rêves. Et pour commencerbil me faut aller voir le notaire. mais mon petit doigt me crie comme un fou :

-"Jeanne, d'abord il te faut enterrer l'oncle Vincent, aller au crématorium et inviter le village à boire un coup."

-"Tu as raison : Champagne pour tout le monde sur la terrasse de l'oncle Vincent ! Non, chez moi !"-"Des fois tu ne sembles pas être une femme d'ici : ce n'est pas du champagne qu'ils veulent boire tous : du pastis pour les hommes et du Muscat de Rivesaltes pour les femmes !"

-"Tu as toujours raison ! On va cfaire comme tu as dit. Et alors au travail, le monde m'appartient ! Et Rémy : à toi pour la vie !".

Et le Tuilet coule dans mon estomac.

Je n'ai qu'à aller voir sur l'ordinateur où est Baltimore, la baie du Cheasepeake - ça doit être difficile de prononcer ce nom - : Mappy, non ! Je n'ai qu'à cliquer sur États-Unis... chercher Maryland... Mais voici qu'on sonne à la porte. Qui cela peut-il bien être : le notaire, les cousins, un amoureux ou peut-être un voleur ? ...

Voir l'épisode 2

 

 

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Feuilleton radiophonique : Lo viatge de Joana
Clément, Anne. Auteur, interprète
Benichou, Julien. Compositeur
Gaspa, Marie. Interprète
Capron, Michel. Interprète
Hébrard, Jean. Interprète
Alranq, Perrine. Interprète
Benichou, Daphné. Interprète
Hommeau, Jean-François. Interprète
Vidal, Alain. Interprète
Résumé du feuilleton:

Joana, vieille fille de 60 ans à la retraite dans un village du Languedoc. Son oncle Vincent vient de mourir et lui a tout laissé : l'argent, la maison, les vignes. Et voici qu'arrive Mathilde Delbàs, une fille qui cherche un toit et un travail. Joana ne veut pas la garder mais peu à peu, apprécie de ne plus être solitaire. De plus, Joana voudrait aller rendre visite à Rémi, un ami d'enfance qui est professeur à l'université de Baltimore aux USA. Elles s'embarquent toutes les deux dans un grand voyage, et quel voyage !

Présentation de la compagnie Gargamela : 

Depuis 1988, la Compagnie Gargamela-théâtre sillonne les routes à la recherche d'un théâtre populaire, un théâtre d'expression de peuple, qui va chercher ses racines dans le fond, et la forme dans la fête Carnavalesque comme dans la poésie des Troubadours.